© Bayreuther Festspiele, Meistersinger 2018

Nouvelles des Membres

07.01.2020
« Le Cercle Richard Wagner – Lyon fête Beethoven »
En 2020, le monde musical célèbre le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven, dont l’œuvre et la personnalité en ont fait une icône
De nombreux compositeurs lui ont manifesté un respect quasi filial et probablement Wagner plus que tous les autres.  Le Cercle Richard Wagner – Lyon s’associe à ces commémorations avec une vaste trilogie consacrée au maître de Bonn. De nombreuses autres manifestations ponctueront cette année afin de lui rendre hommage par une programmation ambitieuse. 

LE PROGRAMME

ACTE I – Mardi 10 mars à 18h30
AUDITORIUM MAURICE RAVEL (Atrium) :
Conférence d’Emmanuel Reibel, « Beethoven, père des Romantiques »

Comment Beethoven est-il devenu l’une des figures les plus emblématiques de la culture occidentale ? Au-delà de sa personnalité hors norme et de son œuvre d’une extraordinaire richesse, révolutionnant les cadres de la musique de son temps, on aimerait montrer que la stature de Beethoven a aussi été construite symboliquement par les musiciens de la génération romantique : tous ont littéralement sacralisé l’auteur de la Neuvième Symphonie. De Berlioz à Brahms et de Weber à Wagner, en passant par Mendelssohn, Schumann et Liszt, ils ont multiplié les hommages, statufié le génie, sanctuarisé son œuvre, interprété, transmis et transcrit sa musique. On montrera donc comment ces compositeurs de la génération 1810 ont contribué à ériger Beethoven en père spirituel, mais aussi comment ils ont cherché à construire leur propre style et à exister, simultanément, après ce modèle magistral et parfois intimidant, voire paralysant.

ACTE II – Mardi 17 mars à 19h00
GOETHE-INSTITUT DE LYON :  Une Visite à Beethoven »
Lecture théâtrale avec accompagnement musical par Xavier Jacquelin (narrateur), Hjördis Thébault (soprano) et Nobuyoshi Shima (piano)

« Une visite à Beethoven » (ou « Un pèlerinage chez Beethoven » pour reprendre le titre de la version allemande ultérieure) est une nouvelle écrite en décembre 1840 par Richard Wagner lors de son premier séjour parisien. Elle constitue l’un de ses meilleurs textes en prose pouvant rivaliser sans complexe avec les feuilletons musicaux les plus réussis de l’époque. En dehors de quelques passages humoristiques de son autobiographie, Ma Vie, Wagner n’écrira rien d’aussi bon dans ce domaine. Ce concert-lecture, conçu par Xavier Jacquelin et illustré par Hjördis Thébault et Nobuyoshi Shima, nous fera revivre les déboires de ce jeune idéaliste allemand, R…, dont le projet est de rencontrer à Vienne son idole, mais qu’un anglais importun ne cesse de contrecarrer. Le récital sera construit autour de la figure de la cantatrice Wilhelmine Schröder-Devrient qui fut l’une des grands interprètes de Fidelio de Beethoven et de Wagner (Adriano dans Rienzi, Senta dans le Hollandais et Vénus dans Tannhäuser) et dont il est fait mention dans cette nouvelle.

ACTE III - Samedi 28 mars de 10H00 à 17h00
BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE DE LYON – PART-DIEU : « JOURNEE BEETHOVEN » par Elisabeth Brisson, LA spécialiste française actuelle du compositeur.

A 10h00
« Être Beethoven ou rien… » 
Même si Wagner n’a pas joué à Victor Hugo prenant Chateaubriand comme horizon créateur, il s’avère qu’il a été animé par une admiration créatrice pour Beethoven. Dans son autobiographie, il insiste sur les chocs émotionnels (à la manière de Berlioz !) provoqués par sa sœur Rosalie puis par Wilhelmine Schröder-Devrient dans Fidelio (1829) pour laquelle il voulait écrire un opéra. Et puis, à peine a-t-il entendu la Neuvième Symphonie (1830), qu’il en a réalisé une transcription, et que l’œuvre l’a accompagné toute sa vie : il y puisa une source de valorisation personnelle. Or, ces chocs musicaux tout autant que la pratique de la musique de Beethoven sont contemporains de l’établissement concurrentiel de la biographie du compositeur (au cours des années 1830-1840) : Wagner a donc été influencé par la construction d’une figure, combinant héros et messie, donc de celui qui par ses souffrances a ouvert l’accès à la transcendance (« à l’infini » selon l’expression d’ETA Hoffmann). L’admiration pour Beethoven dans ce contexte d’idéalisation s’est traduite chez Wagner par une volonté de penser la création musicale sous le signe d’une totalité artistique.  Il est donc possible de se demander en quoi Beethoven serait une source de « l’œuvre d’art de l’avenir », notion dénommée également Gesamtkunstwerk ?

A 15h00
 « Wagner, la Neuvième et la religion de l’art »
Maître de chapelle à Dresde depuis 1843, Wagner accompagne l’exécution de la Neuvième Symphonie en 1846 d’un programme qu’il fait éditer pour que les auditeurs puissent suivre cette œuvre difficile et encore mal-aimée : il en explicite donc le sens…en s’appuyant sur des références puisées dans le Faust de Goethe alors que le finale est construit sur des vers de Schiller… Ce déplacement d’auteur répond à sa volonté de conférer à la Neuvième un rôle d’équivalent de la messe dans la religion chrétienne : l’associer à l’œuvre phare de la culture allemande est le plus sûr moyen d’assurer cette substitution. Poursuivant ce but, Wagner sut utiliser cette œuvre pour s’imposer sur les scènes internationales (à Londres en 1855) et pour consacrer la construction de Bayreuth (la Neuvième est exécutée en 1872 lors de la pose de la première pierre). Et puis, en s’appuyant sur l’image qu’il donne de Beethoven et de sa musique, en 1870 dans sa publication intitulée Beethoven, petit ouvrage dans lequel le grand compositeur devient le héros « national » allemand, Wagner confère une portée métaphysique à la musique. Porté par cette idéologie puisée chez Schopenhauer, Wagner a composé Parsifal dénommé Bühnenweihfestspiel (Festival scénique sacré), en l’occurrence une nouvelle sorte de drame musical, qui atteste une réinterprétation très spécifique de l’héritage de Beethoven dans le sens religieux.
Par cette instrumentalisation de la Neuvième, Wagner a pris une large part à la promotion de la religion de l’Art dont Beethoven fut considéré comme le Messie, avant d’en devenir la figure divine centrale : il est celui qui a souffert pour la rédemption de l’humanité. Cette divinisation fut abondamment matérialisée : monuments tel celui de von Zumbush érigé à Vienne en 1880, statues dont celle de Klinger en 1902, têtes multiples depuis celles de Bourdelle…. Et en 1902, la Frise Beethoven du Pavillon de la Sécession réalisée par Klimt qui reprend le programme de Wagner de 1846 … et immerge le spectateur dans la religion de la Joie… L’intention de Wagner est à l’œuvre, à notre insu bien souvent…


LES INTERVENANTS

Elisabeth Brisson
Agrégée et docteur en histoire, elle est l’auteur de nombreux ouvrages sur la musique  tels que La Musique (Belin, 1993), Opéras mythiques (Ellipses, 2008), Musique classique en clair (Ellipses, 2010) et Les Airs mythiques (Ellipses, 2013). Elle est surtout la meilleure spécialiste française à l’heure actuelle de l'œuvre et de la vie de Beethoven. Parmi ses nombreux travaux sur le sujet figurent une thèse, Le sacre du musicien : la référence à l’Antiquité chez Beethoven (Editions du CNRS, 2000), deux biographies (Fayard/Mirare 2004 et Ellipses, 2016) et Un guide de ses œuvres (Fayard 2005). Elle a aussi dirigé un petit opus Wagner m’a tué et un passionnant Découvrir Wagner (Ellipses, 2014) qui multiplie les approches de l’œuvre wagnérienne. Parallèlement à ses publications, Élisabeth Brisson est régulièrement l'invitée des émissions de France Musique et intervient comme conférencière lors d'évènements musicaux à travers la France comme à Nantes dans le cadre de la « Folle journée » ou à la « Cité de la musique » à Paris. Elle intervient pour la première fois au Cercle Richard Wagner – Lyon.

Xavier Jacquelin est comédien et metteur en scène. Après des études littéraires et au Conservatoire de Lyon, il a participé à de nombreuses productions théâtrales et a tourné dans deux téléfilms. Assistant metteur en scène et directeur de scène à l’Opéra de Genova (Italie) entre 1980 et 1982, il a travaillé avec quelques grands noms du théâtre italien. Depuis plusieurs années il se consacre plutôt, comme comédien, aux petites formes unissant textes, poèmes et musique. En 2016, il a créé au Goethe Institut de Lyon, la pièce de Philippe André, Le dernier rêve de Wagner et Liszt, adapté de son roman Les deux Mages de Venise. En 2018, il a également créé, toujours au Goethe Institut de Lyon, pour le Cercle Richard Wagner- Lyon le spectacle théâtral « La Visite ou la rencontre de Wagner et Rossini ».

Hjördis Thébault
Après des études de droit, elle se forme au chant au Conservatoire de musique de San Francisco où elle est remarquée par Kent Nagano qui l’invite à rejoindre la troupe de l’Opéra de Lyon. Elle se produit régulièrement sur les scènes françaises et étrangères où elle alterne grands rôles du répertoire lyrique et œuvres du répertoire baroque. Hjördis Thébault a chanté sous la direction de chefs renommés tels que Kent Nagano, Armin Jordan, Jean-Claude Malgoire, William Christie, Marc Minkowski, John Eliot Gardiner, Louis Langrée, Michel Plasson… Sa discographie comprend des enregistrements plusieurs fois récompensés comme Sémélé de Marin Marais (Glossa), ou encore Amadis de Gaule de Johann Christian Bach (Ediciones singulares). Son enregistrement Patrie !  duos d’opéras romantiques été nommé aux “International Classical Music Awards”

Emmanuel Reibel
Ancien élève de l’École normale supérieure et du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, le confércnier est professeur à l'Université Lumière Lyon 2 et membre de l'Institut Universitaire de France. Ses derniers travaux sont consacrés à Hector Berlioz. C’est ainsi il a co-édité avec Alban Ramaut en 2018 « Hector Berlioz. 1869-2019. 150 ans de passions ». Il a donné plusieurs conférences remarquables à la Bibliothèque municipale de la Part-Dieu à l’invitation du Cercle.

Nobuyoshi Shima, piano
Ne? a? Hokkai?do du Japon, il a commencé l’e?tude du piano a? l’a?ge de quatre ans. Il a principalement e?tudie? la composition a? l’Universite? nationale des Beaux-Arts et de la Musique de Tokyo. Il se perfectionne au piano dans la classe d’accompagnement au CNSMD de Lyon et obtient son diplôme national d’études supérieures musicales d’accompagnement en 2007. Actuellement, Nobuyoshi Shima est compositeur ; accompagnateur de la classe de chant au CNSMD de Lyon, directeur musical et chef de chant au Pôle Lyrique d’Excellence de Ce?cile de Boever, chef de chant au Centre de la Voix Rhône-Alpes. Il avait été l’invité du Cercle Richard Wagner – Lyon en avril 2017 pour un récital à l’Amphithéâtre de l’Opéra de Lyon ainsi qu’en 2019 pour le concert-lecture « Wagner et Berlioz, le choc des Titans ».

 « 2020 : UNE ANNÉE BEETHOVEN »

Samedi 20 juin
Escapade à Vonnas en car
Projection dans la cinémathèque Laurent Gera du film anglais Ludwig van B. L’immortelle bien aimée.
(Réalisateur : Bernard Rose (1994). Avec Gary Oldman, Isabella Rossellini )

Mardi 13 Octobre à 18h00
Goethe-Institut de Lyon
Conférence de Marie-Hélène Benoît-Otis : « Les musiciens allemands (Mozart, Beethoven et Wagner) et la propagande nazie » (titre sous réserve)

Dimanche 22 Novembre 
La journée wagnérienne de Lyon, deuxième édition : « Wagner et Beethoven »
Une Conférence de Christophe Corbier : « Le Beethoven (1870) de Wagner »
Et des communications des membres du Cercle